Hongrie

3 juin a Keszthely (1960 kms)

14h04 : les filles partent faire la vaisselle

Que d'eau, que d'eau

Nous étudions un nouveau concept : les vacances pendant les vacances. Disons que notre quotidien n'est plus axé autour du vélo ces jours-ci, histoire de ne pas créer chez la jeune génération un dégout ad vitam eternam pour ce si bel objet qu'est la bicyclette.

Ca tombe bien, les deux vieux avaient plein de trucs ă faire et les filles beaucoup de baignades en retard, ce qui est tres agréable entre deux pluies d'orage. Une journée au lac thermal de Heviz (a 35 degrés) pour etre surs de ne pas faire chuter dangereusement le taux d'hygrométrie. L'eau de ce lac soigne des rhumatismes et des post-fractures, mais ni des caries ni de la connerie. C'est le "biggest thermal lake on Earth", disait la pancarte qui était bleue et en bois.

Entre écopage, séchage des duvets et rapatriement dans la salle TV (si tant étanche), nous piquons des tetes dans le lac Balaton. Et le soir, pour varier, nous passons au vin hongrois.

Fin du monde

Mardi 29 mai, un bourdonnement étrange nous parvient aux oreilles, nous rentrons du village a vélo, il est 20h00... Subitement, un nuage d'insectes inconnus nous attaque. Nous devons presque faire halte, sous peine d'en avaler par dizaines. Ils sont 10 millions, 1 millard peut-etre ! Le bourdonnement s'amplifie alors meme que nous franchissons peniblement l'entree du camping. Sont-ce des moustiques ? Si oui, la mort est imminente. Mais, dieu merci, ils ont l'oeil (unique) amical et font route sans faire cas des humains. Cependant, le camping est desert, nous devons faire face aux envahisseurs, seuls. Nous ne pouvons plus communiquer que par gestes ; ouvrir la bouche serait un suicide ! Nous allons lutter ainsi pendant plus de 23 minutes et 45 secondes, avant que ce nuage (toxique ?) ne s'evapore aussi brusquement qu'il nous était apparu. Les lampadaires se rallument, des tetes réapparaisent aux portes des camping-cars, la fin du monde est pour plus tard...

le lendemain, nous retrouvons quelques égarés agrippés piteusement a la toile de nos tentes. Maillons faibles du groupe. Par compassion, nous décidons d'épargner leurs vies.

Vivre avec autrui...

Depuis notre départ, nous avons fréquenté diverses structures collectives ( hotels, campings, a.j). Et nous observons, avec une pointe d'agacement compréhensible a notre age, la difficulté pour certains a éteindre une lumiere, a tirer une chasse d'eau, a dire bonjour le matin etc! Notre solide éducation ne nous avait pas habitués a ca. Et nous voila a refiler le bébé a nos fillettes. C'est ainsi que Violette, apres 2 jours de cohabitation avec un groupe de sportifs hongrois casse-oreilles, revient outrée: " Tu te rends compte, maman, il y un mégot dans les toilettes, du papier par terre et du caca sur la cuvette. Ils sont vraiment dégueulasses, ces hongrins!"

C'est a ce moment que nous avons décidé de lui cacher les origines de notre nouveau président.

Ce qui roule sur les routes d'ici

Des Ladas, des Trabant, des Dacia, des modeles de la Western Europe ( mais moins de frenchies qu'en Croatie), des motos Samson, quelques voitures a cheval et DES VELOS...Mais point de Fiat 500 dont Lilou est tombé amoureuse en Italie.

15h50 : les filles reviennent de la vaisselle

Christine et Yves

15 juin a Esztergom (2405 kms)

La cycling map de Hongrie.

Les amis, en toute simplicité et sans anti-hongrisme primaire, nous aurions pu produire une carte des routes cyclabes un peu plus correcte que celle que nous avons eue en mains. En arrivant au lac Balaton, nous l'avions déja testée : nous avions emprunté une soi-disant route cool qui l'était autant que le périphérique parisien. Cela nous a d'ailleurs valu une engueulade de couple que j'ai conclue avec superbe en jetant mon vélo dans le fossé.

Apres le lac Balaton, bordé par contre d'une excellente piste cyclable, nous avons suivi encore cette ... de carte qui indique, en plus des routes pas rigolotes, des campings inexistants. Apres une étape de 77 kms, et sous la menace de l'orage, nous avons du chercher un hébergement dans un village sans camping. Aucun hotel, les petits visages étaient crispés, le ciel devenait noir, les grosses gouttes s'annoncaient. En désespoir de cause, je hélai alors une dame a vélo. Avec les mains et les yeux , je lui ai demandé un bout de jardin ; elle a dit oui et l'orage a éclaté. Nous sommes arrivés dans son garage, trempés. La soirée fut extra chez cette belle Eva aux yeux bleus.

A la fin de l'étape suivante, on nous a refait le gag du non-camping. Cette fois, nous rencontrons la pétulante Birgitt (toujours a vélo) qui nous amene a une auberge pour pecheurs, adorable et moins chere qu'une place de camping, au bord du Danube. Nous y restons une journée entiere avant d'attaquer l'entrée dans Budapest. Nous discutons plusieurs fois avec Birgitt, qui semble etre une dévoreuse de vie.

En attendant un bateau-enjambeur de Danube, un monsieur édenté nous offre quatre délicieux beignets.

C'est tellement bon, la gentillesse...

Budapest

On avait dit a notre poisson-fille : a Budapest, trois jours, trois piscines. Il ne put y avoir que deux jours , suite a un souci de réservation. Ce fut deux piscines. Du beau, de l'eau, du chaud. La premiere fut la célebre ou des messieurs jouent aux échecs dans l'eau a 37 degrés, la seconde fut celle du grand hotel Gellert, plus centrale, avec une dizaine de bassins divers et une machine a vagues... La National Gallery, a coté, a paru bien fade a nos minettes, qui, on ne le savait pas encore, détestent, la peinture contemporaine hongroise post-1945.

Nous avons séjourné dans la chouette auberge de jeunesse "Red Bus" dans un dortoir (moins cher qu'une chambre) de... 4 ! Cuisine équipée, entre autres, qui permet des rencontres sympas. Nous avons croisé un catalan parlant francais, fan du Moyen-Orient, qu'il trouve si "amicable". J'ai tenté une conversation avec un américain, j'ai décroché tres vite, l'accent patate chaude me rendant tout incompréhensible. Je pense qu'il a compris, toutefois, ce que je lui disais du président Bush. Quel courage politique j'ai eu, j'en frémis encore.

Ville trop vite quittée, ville-pélerinage aussi : mon papa et ma maman m'y avaient amenée en 1967 !

Nous sortons de Budapest mardi, plein nord, par une piste cyclabe de 25 kms. Quelques kilometres plus loin, notre route s'oriente plein Ouest, cap que nous allons désormais tenir jusqu'a la maison.

Les langues

Ca parle hongrois ici. Allemand aussi. La jeune génération est plutot anglophone (Eva qui parlait hongrois et russe avait invité deux jeunes de 17-18 ans pour faire office de traducteurs).

Mais sur les boites de bouffe, l'anglais demeure bien rare. C'est en général en hongrois, croate, slovaque, tcheque, slovene, macédonien et russe. A quand l'esperanto ?

Dicton hongrois : au lac Balaton, il est de bon ton de manger du thon

Ritournelle a chanter sur le vélo (sur l'air des 3 p'tits chats...)

P'tits duvets (x3), vé, vé. Vers de terre (x3), ter, ter. Terre humide (x3), mid, mid. Mie de pain (x3), pin, pin. Pince-oreilles (x3), reille, reille. Raye ce mot (x3), mo, mo. Mot secret (x3), cret, cret. Craie de couleur (x3), leur, leur. Leurs vélos (x3), lo, lo. L'eau qui va (x3), va, va. Vase de fleur (x3), fleur, fleur. Fleur des champs (x3), chan, chan. Champs de blé (x3), blé, blé. Blé qui pousse (x3), pouss, pouss. Pousse la porte (x3), porte, porte. Porte en Bois (x3), boi, boi. Boite aux lettres (x3), let', let'. Lett' d'impot (x3), po, po. Pô content (x3), tan, tan. Temps qui passe (x3), pass, pass. Passe la vie (x3), vi, vi. Vie trop courte (x3), court', court'. Courte histoire (x3), toir, toir. Toit roussi (x3), si, si. Si j'te l'dis (x3), di, di. Dis ma vieille (x3), vieille, vieille. Vieille mamie (x3), mi, mi. Mie de pain (x3), pin, pin. Pince-oreilles (x3)...

inventée sous la tente un soir d'orage

25 juin a Vienne (2720 kms)

Le beau Danube bleu

Depuis Budapest, nous remontons le cours du Danube (l'objectif avoué étant de découvrir ou se cache toute cette eau). Jusqu'en Allemagne s'il le faut. Cela nous a permis d'apprécier Esztergom, son musée du christianisme (on devient mystique) et sa piscine. Pannhonalma, son monastere haut perché et son camping chaleureux. Puis Dunakiliti, son golf, son palace étoiles et ses trois campings tristounets. Bratislava la petite et Vienne la grande.

L'occasion de passer deux frontieres a vélo, en 70 kms. Pas de fouille cette fois-ci (contrairement a notre entrée en hongrie), juste trois mots baragouinés avec cartes d'identité a l'appui. Facile ! Plus en tous cas que pour notre voisin de chambrée australien en attente de visa polonais ou notre voisin de camping pasteur sud-africain, collectionneur forcé de visas allemand, autrichien et tcheque.

L'occasion aussi (et surtout) de retrouver la maman de Christou et son frere, d'abord a Bratislava pour trois jours en AJ (agitée de jeunes), puis a Vienne en camping (agité aussi, mais en raison du festival européen de la jeunesse et d'un orage carabiné).

Moi je rayonne a 1 voire 0

On a beau dire, a vélo, le matériel, c'est important, en particulier les roues (si, si). J'avais déja eu une alerte en Grece a Patras, puis en Croatie sur l'ile de Mali Losinj, quand ma roue arriere, de son propre chef, avait décidé de mettre le(s) voile(s). Petit redressage et hop ca repartait...

Mais a Rackeve, juste avant Budapest, en pleine ligne droite, elle a décidé de se faire la malle, la voyageuse. Gentiment aidée par une bouteille pleine d'eau qui glisse du porte-bagage arriere et vient se mettre en travers ! Résultat : trois rayons non pas cassés (trop facile) mais carrément arrachés de la jante ! La faute a un chargement trop lourd, a une jante trop tendre, sans doute. Les derniers kilometres vers Budapest, j'avais l'impression (désagréable) de rouler sur du beurre (et la peur au ventre de plier définitivement la roue en 8).

Le réparateur de Budapest en a fait des yeux tous ronds (et pourtant il en a vu, en tant qu'ancien messager-vélo dans la capitale hongroise). Pas d'autre choix que de la changer, pour une avec plus de rayons (32 contre 26 pour les techniciens).

Depuis, je croise les doigts (a 5) ; ca tient impecc.

Yves