Cyclo-voyageurs au long cours

7 mai 2016 / par Ex-Marroco-Cyclo

Idriss, Rudy, Mika, Mel, Raul et les autres...

Qui dit voyage, dit voyageurs et rencontres. Depuis Marrakech, je n'ai pas rencontré beaucoup de cyclos, et encore moins de cyclos au long cours. Hier, pourtant, en faisant la connaissance de Rudy, le hollandais "poussant", sur la route de Mérida à Cacéres, je me suis souvenu de Idriss, de Raul... Et j'ai eu envie de vous parler d'eux.

Idriss est anglo-marocain, la cinquantaine (le bel age ;), il vit à Manchester (de temps en temps). Son foyer est là-bas en tous cas, sa  femme aussi :) mais régulièrement, il repart direction le maroc, l'appel de son pays d'origine, pour l'explorer sous toutes ses coutures. Un coup 8 mois, un coup 1 an et demi, un autre 4 mois, tout ça avec son vieux biclou (genre un demi-course comme  celui que mamy a légué à Marilou) et ses sacoches élimées en toile plus trop étanche. Je l'ai croisé à Boumalne Dadès, dans son survêt'. Il marchait sur le bord de la route, il venait de crever pour la 10e fois en quelques jours, pestait contre les chambres à air made in China et les marocains qui revendent des chambres à air made in China. Nous avons fait 5kms à coté de nos vélos. Lui son moteur, sa motivation, c'est pédaler, réfléchir sur sa vie, et dormir dans la nature qu'il connait très bien. Il est chez lui, ici. Et c'est comme ça qu'il s'épanouit. Quand je lui ai demandé où il allait, il m'a dit "vers Agadir, peut-être pour voir de la famille, j'ai encore 2 mois"...

Rudy, lui, c'est bien différent. Difficile de lui donner un age, sans doute entre 30 et 50. Il est "sec comme un coup de trique" sous son manteau. Il est marqué physiquement, possède un vélo genre décathlon de base et une remorque en acier, toute recousue, bourrée de choses et d'autres, de paquets ficelés, de sacs plastiques. Rudy, il y a 3 ans et demi, il est parti des pays-Bas. Parce qu'il n'avait plus rien, ni job, ni maison, ni parents. Depuis, au fil des rencontres, il est allé voir la Russie de près, a fait de nombreux chemin de St Jacques de Compostèle depuis toute l'europe, est parti en Israel et plus récemment il a refait le chemin de St Jacques, mais de Séville (celui que je suis en train de faire). Après il a fait demi-tour, et maintenant il avance vers le sud, mais je ne sais pas pour où. Je le laisse avec son barda, qu'il pousse sur cette route qui pourtant n'est pas très pentue, sa remorque doit vraiment peser un ane mort.

Raul, je l'ai rencontré dans d'autres circonstances. Ca aurait pu être sur la caretera australe chilienne, en novembre dernier car il finissait alors son périple de 3 ans, de l'Alaska à Ushuaia. On l'a raté de vraiment peu apparemment ! Non, je l'ai tout simplement découvert chez lui, près de Ronda, dans les montagnes d'Andalousie. C'est là qu'il vit maintenant, avec son frère, près de son grand-père, dans la maison familiale. Par le réseau de cyclos Warmshowers, je l'ai contacté, et il a accepté de me recevoir, pour deux nuits, dans un lieu exceptionnel, au moment même où j'en avais grand besoin (fatigue, coup de froid au dos, et sans doute pas encore remis du passage Afrique-Europe). Raul à 37 ans, il est prof de yoga, de jujitsu. Il a démarré à cultiver un grand potager bio et fait chambre d'hôtes via le réseau AirBnB. Il  respire la sérénité, son voyage a semble-t-il été une très belle expérience personnelle. Même si, parti avec sa "partner" écossaise, il a fini les 6 derniers mois seul. Une décision qu'ils ont prise en cosmmun. 7 ans qu'ils étaient ensemble...

Depuis Séville et le "camino de Santiago", les rencontres sont plus fréquentes, plus faciles. Nous avons partagé un peu de chemin avec Mika le jeune finlandais souriant (dommage, je n'ai pas de photo de lui, on dirait Jesus, sans la couronne d'épines) qui termine une année sabatique. Avec lui, tout va bien (vale, vale). Et puis Mel l'anglais, 62 ans, croisé à Mérida, qui vit 6 mois au Guatemala (en saison sèche) et 6 mois en Europe. Quand on s'est quittés, il partait sur Malaga...

Carpe diem.